Première invitation à écrire

Les invitations à écrire sont officiellement lancées pour cette 16ème édition du festival Livres à Vous ! Découvrez l’univers littéraire d’un des invité.es d’honneur du festival : Pierre Ducrozet.

La légende de l’écrivain

Avec l’énergie et la sensualité qui lui sont propres, Pierre Ducrozet signe des intrigues aux quatre coins du monde, mêlant des personnages à fleur de peau et un style avoisinant le surréalisme !

« Quand on part en voyage, longtemps, comme c’est mon cas […], le vrai problème, ce sont les livres. » Avant d’être écrivain, Pierre Ducrozet est avant tout un voyageur. Après quelques années sur les bancs de Sciences Po Lyon, il choisit le plein hiver pour s’envoler vers l’hémisphère Sud et faire le tour du monde. Depuis ses 20 ans, il est en mouvement, il aime que les choses bougent, avancent et changent. Il vit actuellement à Barcelone. En 2018, il a d’ailleurs créé une anthologie complète de Barcelone. Aujourd’hui, passionné par la musique et la littérature, Pierre Ducrozet a publié de nombreux romans aux éditions Actes Sud. Il a également publié des chroniques littéraires dans Libération entre août 2019 et juillet 2020. Sinon, quand il n’écrit pas, Pierre Ducrozet enseigne la création littéraire à l’École supérieure des arts visuels de Bruxelles et traduit des romans de l’espagnol et de l’anglais.

À vous de jouer !

À partir de ces extraits des livres de Pierre Ducrozet, invité d’honneur du festival Livres à vous 2024 en novembre prochain :

→ Lire et piocher dans chaque extraits 5 mots ou groupe de mots qui vous plaisent.

→ Écrivez un texte en incluant ce bagage de mots sur la thématique du renouveau, du recommencement.

→ Pour tous votre texte commencera par : Et si tout est possible alors….

→ Votre texte ne devra pas dépasser les 15 lignes

→ La forme doit être poétique, laissez parler le stylo et vous surprendre par les mots.

Vos textes sont à envoyer avant le mercredi 10 avril 2024 à l’adresse suivante : livresavous@paysvoironnais.com

La prochaine invitation à écrire sera lancée le jeudi 15 avril 2024.

Printemps, histoire d’un renouveau

Les variations de Paul, 2022

Paul est allongé dans l’herbe. Le vent marin se glisse entre ses pieds nus. Il porte un tee-shirt blanc, un pantalon noir, il écarte les bras. Dans son château de bord de mer, toutes les portes sont ouvertes. Paul se lève à l’heure qui lui chante, il fait quelques pas dans le jardin s’il a dormi à l’intérieur, il salue les vagues qui viennent caresser les roches, puis il s’allonge dans l’herbe haute et il ferme les yeux, prolongeant un peu ce temps délicieux où l’on flotte encore entre les rêves et les couleurs à venir. On n’est qu’à moitié là, on arrivera bien assez tôt. Paul place ses mains sous ses cheveux mi-longs. Il inspire l’air salé. Et alors tout commence.

Le grand vertige, 2020

Elle déplace son corps effilé comme elle ferait autre chose. Elle a des taches brunes aux pommettes et elle danse comme personne la techno et la mazurka.
Les gens dans la rue se retournent au passage de cet étonnant visage androgyne, sorte de masque aux yeux tirés et aux larges joues.
Elle fume ce soir un montecristo sur un toit du quartier de Gràcia, à Barcelone. Ses potes Alex et Carlota l’ont invitée pour un festin qui s’achève en volutes dans le ciel. Elle attrape son verre de rouge, sa main tangue.

L’invention des corps, 2017

L’Histoire et la société ont brutalisé leurs corps comme ceux des autres. Ce sont des siècles de force exercée contre leurs squelettes qui ont modelé leurs silhouettes. Des générations de coercition, de pliage, de froissement, de dilatation, d’expansion, de démolition. L’espace du dehors et du dedans sans cesse en opposition. Il s’agit pour eux de refaire tout le chemin en sens inverse pour retrouver l’agilité, la puissance, l’aisance perdue. Il faut remonter en soi jusque-là et c’est une route sans fin.

Eroica, 2015

Elle voit les couleurs. Les traits vifs, les décharges multiples, les angles secs, tout ce crâne pelé lui fait mal. Elle pose sa main devant sa bouche. Ce garçon. Jay se retourne. Sarah secoue la tête. Ce garçon. Ce garçon est fou.

La vie qu’on voulait, 2013

Les dernières semaines n’ont été qu’une succession de cailloux dans ses chaussures. Les nerfs en épingle, les nuits au plafond, l’édifice qui lentement se défait.

Requiem pour Lola rouge, 2010

Mais elle a raison, bien sûr, je n’ai jamais su faire, jamais poussé quoi que ce soit. Parce que moi j’aurais voulu écarter la pellicule, me jeter dedans, la jolie pellicule du temps, pour pouvoir toucher les choses, connaître leur texture, enfin, ne plus être à côté. Où est donc l’autoroute pour le centre ? J’ai dû rater la bretelle.